Par l’éditeur :
Par l’éditeur : Dans une ville d’une ex-république soviétique, à la frontière entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, aujourd’hui envahie de touristes, débarque un certain Christophorov. Il arrive de Saint-Petersbourg, se prétend journaliste ou historien et enquête sur un groupe artistique et littéraire des années vingt, « Le Chevalier de Diamant ». Ce groupe aurait créé un opéra, La Mort de Pétrone, qui ne donna lieu qu’à une seule représentation : la légende raconte qu’une crise de folie collective aurait frappé le public, se terminant en orgie générale. Peut-être parce qu’on aurait versé dans le champagne des invités de la poudre de cantharide, un puissant aphrodisiaque… À la suite de ce scandale, le groupe fut dissout et ses membres semblent s’être évanouis sans laisser de traces.
Mon Avis : Pour celles et ceux qui aiment être surpris(e) par leur lecture, « Autochtone » est parfait.
Navigant entre un passé légendaire et magnifié et un présent plein de chausse-trappes et d’impasses, le récit de Maria Galina oscille entre réalisme et fantastique, entre polar et conte fabuleux.
L’auteur, dont j’avais adoré le précédent roman « L’Organisation » (déjà chez Agullo), prouve à nouveau son talent de conteuse, agrémentant son texte de référence SF, d’indices qui surprennent et même, parfois, perdent le/la lecteur-trice.
C’est un texte incroyablement dense, remplit de questions sans réponse, d’errance à travers des flash-back et des phénomènes paranormaux. On y lit aussi une réflexion sur la littérature, le style, l’âme russe à travers les dialogues.
Sur les pas d’un historien de l’art, nous nous perdons avec délice dans le dédale imaginé finement par Maria Galina. La façon dont l’auteur nous mystifie, nous fait confondre personnages et lieux, les scènes qui se ressemblent tant qu’elles troublent notre perception, est, de mon point de vue, époustouflant.
Cette confusion est parfaitement maîtrisée par l’auteur et participe complètement du plaisir que l’on a à lire ce livre, pour peut que l’on accepte de sortir de sa zone de confort.
Toujours en mouvement, l’histoire ne s’écrit pas avec un grand H mais se compose de multiples histoires personnelles, parfois contradictoires.
Les événements se brouillent, des masques dissimulent d’autres masques, d’autres pièges.
Récit déroutant et atypique, « Autochtone » est un labyrinthe magnétique où j’ai pris un immense plaisir à me perdre.
PS : chapeau bas à Raphaëlle Pache pour la traduction.
Autochtone
Maria Galina
Traduit du russe par Raphaëlle Pache
Éditions Agullo
23/01/2020
384 pages